- Laissez les poissons, Jean, le conférencier est arrivé. Il va commencer. Je le connais ça peut durer des heures. Il est très buvard.
- Vous voulez dire bavard.
- Non non. Buvard. Il absorbe l’assistance.
« Mesdames et Messieurs bonjour. Je serai bref : à la création du monde… ».
A ce moment-là trois poissons surgirent de l’eau. Comme des dauphins.
- Tu as vu, Marie ?
- Vouvoyez-moi mon Prince charmant.
- Vous avez vu, Marie ?
- Quoi ?
- Les poissons qui jaillissaient de l’eau ?
- Oui on aurait dit des dauphins c’est le conférencier qui les as attirés avec son filet de voix. Cela dit il en était à la création du monde on aurait dû voir des cœlacanthes.
- Tout est parti de l’eau.
- Oui et les dauphins en sont partis.
- C’est-à-dire ?
- Les premiers dauphins marchaient. On en voyait sur les routes. Sur l’eau.
- Jésus s’est inspiré des dauphins ?
- Jésus était un dauphin.
- Vous êtes sûre ? Quand même, là…
- J'en suis certaine. On les appelait les dauphinois. C’était déjà le gratin de l’espèce humaine.
- Humaine ?
- Oui. Les hommes, eux, c'est l’espèce inhumaine.
- L’arrivée de Jésus a tout changé n'est-ce-pas.
- Oui. L’homme a amélioré la fabrication des croix de bois et des clous en fer.
- Les hommes étaient meilleurs avant ?
- Avant quoi ?
- Avant la crucifixion
- Ils étaient plus poilus.
- Et alors ?
- On les distinguait moins des animaux, ils avaient des excuses.
- Et la découverte du fer c’était quand ?
- 8 000 ans avant Jésus Christ.
- Et Jésus il est né quand ?
- 7 ans avant Jésus Christ.
- Je ne comprends pas.
- C'est historique. Et pour une fois les historiens sont formels. Il faut donc y croire, mon Jean, mon petit Jean.
- Ça s’appelle la foi.
- Oui. Et un prédicateur te le dira.
- Vous aussi, vouvoyez-moi, mardi.
- Vous voulez-dire, vouvoyez-moi, Marie ?
- Non. Vouvoyez-moi tous les mardis.
- On est quel jour ?
- Mardimanche. C'est un nouveau jour difficile. Un jour sombre. Le jour du saigneur mais donc if you say au gars qui s'agite là-bas sous le préau : "Si Dieu existe pourquoi il laisse aller en enfer pour l’éternité, c’est cruel", il répondra : "Vous cherchez trop à réfléchir, faites confiance en Dieu".
- Aïe.
- Vous avez mal mon Prince charmant ?
- Je ne suis pas charmé par l’enfer, tout ça.
- Et ?
- J’ai mal à ma foi.
- Allongez-vous.
Jean s’allongea dans l’herbe, où il manquait deux brins. Marie le rejoint. Elle posa une main sur son ventre.
- Ça va mieux mon amour ?
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